Dans les années 1980, un accident eut lieu entre deux camions sur une route française. L’un de ces camions venait d’Espagne et transportait des tomates à destination de la Hollande. L’autre venait de Hollande et transportait des tomates à destination de l’Espagne…
Difficile de savoir si l’anecdote est vraie – je n’ai pas trouvé de source fiable permettant d’écarter l’hypothèse d’une légende urbaine. Mais réelle ou non, cette situation reste plausible et illustre bien ce que nous savons tous :
Les denrées alimentaires sont souvent transportées sur des milliers de kilomètres avant d’atterrir dans nos assiettes !
… Ce qui suppose un gaspillage énorme, beaucoup de pollution inutile et des situations absurdes. En effet, dans la plupart des régions du monde, il est tout à fait possible de se fournir localement en nourriture.
De cette réflexion est né un mouvement : le locavorisme.
Être locavore, c’est quoi ?
Les locavores se nourrissent uniquement (ou principalement) d’aliments qui ont été cultivés ou produits près de chez eux. Ce faisant, ils dynamisent la vie économique locale et limitent l’impact lié au transport des aliments et à leur suremballage.
La démarche locavore s’intéresse aussi à la manière dont les aliments sont produits. On va donc préférer une production :
- bio,
- de saison (voir ce tableau qui donne les périodes naturelles pour les fruits et légumes),
- artisanale / non industrielle,
- peu ou pas transformée / emballée,
- équitable pour les agriculteurs,
- plus éthique envers animaux.
De même, la démarche locavore prend tout son sens si l’on fait attention au système de distribution. On va donc essayer :
- d’acheter directement au producteur, au marché ou auprès des petits commerces locaux et indépendants,
- de passer si possible par une AMAP ou organisme similaire (Si vous ne connaissez pas bien les AMAP, je vous conseille la lecture de cet article où j’explique le concept et partage mon retour d’expérience),
- de produire soi-même une partie de son alimentation (par ex. avec un potager),
- de préférer les petits restos qui proposent de la cuisine locale et/ou bio, plutôt que les fast-food et les grandes chaînes,
- Et bien sûr, d’éviter les supermarchés !
Car si c’est pour engraisser les grosses enseignes qui en fin de compte nuisent à la vie locale, à quoi bon ? On fait donc appel au maximum au circuit court (un des principes étant de limiter les intermédiaires inutiles).
Manger local : oui, mais jusqu’où ?
À partir de quelle distance parcourue un produit n’est-il plus local ?
Il n’y a pas de règle absolue ! Ce sera 100 km pour certains, 200 ou plus pour d’autres… Le locavorisme est plutôt un principe général – à chacun de se fixer les règles et les limites qu’il souhaite.
De même pour la proportion des produits importés dans votre alimentation. Certains arrivent à éliminer tout ce qui n’est pas local… Mais rien n’est gravé dans le marbre :
Vous n’êtes pas prêt(e) à vous passer de votre café du matin ?
Si vous vivez en France métropolitaine, il sera difficile de trouver des caféiers ayant poussé près de chez vous… Alors pourquoi ne pas faire une exception pour certains produits comme le café ? Vous pourrez toujours y revenir plus tard, éventuellement.
(Je vous propose d’ailleurs quelques suggestions de remplacement dans la suite de l’article.)
Pour résumer, rien ne vous oblige à manger 100 % local, bio, etc. Progresser vers une alimentation principalement bio et locale, c’est déjà pas mal !…
Comment devenir locavore ?
Alors, vous avez envie de vous y mettre ? Voici quelques pistes à explorer :
- Recherchez une AMAP près de chez vous sur l’annuaire des AMAP afin de vous inscrire,
- Remplacez les courses à l’hypermarché par un passage hebdomadaire au marché de votre ville / quartier. En général, les marchés sont des endroits très vivants et conviviaux. Les gens se parlent, se sourient, prennent des nouvelles, discutent le bout de gras… Tout l’inverse d’un hyper, quoi !
Attention cependant, tous les vendeurs du marché ne font pas forcément du bio et du local ! La tendance est même plutôt inverse dans certaines villes… Mais en furetant un minimum, vous devriez trouver malgré tout quelques producteurs locaux ! - Remplacez les produits industriels et/ou importés par des alternatives locales. Cela implique parfois de cuisiner davantage, de faire ses propres produits maison ou de renoncer à certains produits ou habitudes plus « pratiques »… On n’a rien sans rien !
- Respectez la saisonnalité des fruits et des légumes et limitez-vous ce qui peut pousser près de chez vous. Eh oui, les locavores évitent généralement de manger des tomates en plein hiver ou des fruits de la passion en France métropolitaine…
- Et si vous vous mettiez au potager ?
Par quoi remplacer ces produits qui viennent de loin ?
Vous vivez en France métropolitaine (ou en Suisse, Belgique, etc.) et voulez devenir locavore ? Voici une liste de suggestions pour remplacer les produits et aliments exotiques, basées sur ma petite expérience :
Et si vous êtes fan de super-aliments (une mode qui, selon moi, repose avant tout sur le marketing et le bidonnage, mais bon…), vous pouvez très bien remplacer :
- les super-aliments exotiques : baies d’açaï, baies de goji, spiruline, wakamé, noix de cajou, etc.
- par des super-aliments locaux : baies locales (raisin, myrtilles, groseilles…), oléagineux locaux (amande, noix…), graines de lin ou de tournesol, fruits secs, huile d’olive, miel, thym, légumineuses locales…
Locavorisme : Précisions et conclusion
Bien sûr, il existe des producteurs français pour certains des aliments évoqués ci-dessus comme « exotiques » ou « importés »… Mais ils sont peu nombreux et pas forcément près de chez vous !
La spiruline française, par exemple, est cultivée dans le sud de la France, puisqu’il lui faut une eau à 37° pour se développer.
Puis, je le rappelle : cet article a pour but de vous présenter la démarche locavore et de vous donner quelques pistes, si cela vous tente.
Pas question, donc, de vous juger ou de vous contraindre à quoi que ce soit !
Pour ma part, je prends beaucoup de plaisir dans la démarche locavore (même si, quand je traverse un moment difficile, ça peut devenir assez contraignant – et pendant ces phases, je m’autorise plus d’écarts).
Dans l’ensemble, le locavorisme m’aide à manger plus sainement, favorise une économie plus éthique et diminue mon impact environnemental. Bref, c’est du tout bon ! 🙂
Si vous avez d’autres idées de produits alimentaires exotiques ou importés à remplacer, n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires 🙂
9 commentaires
Complètement d’accord, je préfère d’ailleurs consommer local que forcément bio surtout quand on sait que tous les pays n’ont pas les mêmes critères à ce niveau ! Le mieux c’est local et bio bien sûr et le must du must c’est pour moi l’autosuffisance ^^
Je me permet d’ajouter un commentaire, je vois que tu parles de la spiruline, j’habite en Vendée et il y a une ferme pas très loin de chez moi qui en fait donc possible d’en trouver en local.
Merci pour ton article
Pour ma part j’essaye de m’y mettre mais je peux pas me passer de thé ou de chocolat… mais je me dis que tous les autres efforts que je fais compense et faut pas que ça devienne une corvée non plus.
Bonjour Angélique,
Oui tout comme toi j’ai parfois du mal avec le thé et le chocolat !! J’arrive assez bien à m’en passer selon les périodes… Mais à d’autres moments, je lève le pied 🙂
Comme tu dis, il ne faut pas non plus tout transformer en corvée…
Bonjour,
Merci pour cet article très intéressant. Pour ceux qui aiment le riz, il existe aussi le riz de Camargue ! Je n’achète plus que ça 🙂
Merci du conseil ! 🙂
J allais faire le même commentaire! 🙂 Le riz de Camargue se trouve facilement dans les magasins bio engagés type biocoop ( c est pas pour faire de la pub mais pour info!) il y en a différentes sortes ( Blanc, complet, demi complet, long, rond) et on le trouve en vrac 🙂 depuis que j essaye de manger plus local au contraire je mange plus de riz!
Merci pour cet article (et ce site que je viens de découvrir)
On peut également citer la banane…
C’est certes français mais pas très local si on habite la métropole…
Tout à fait ! Par contre, je ne sais pas quoi proposer pour la remplacer ^^
Pour ma part, je n’en mange pratiquement jamais, même si j’aime bien ce fruit ! J’en mange d’autres (qui n’ont pas grand rapport) et puis voilà 😉
Pour le piment, je vous conseille le piment d’Espelette (pays Basque)