Certains médias et politiques entendent encore nous présenter le nucléaire civil comme une solution viable et pleine de vertus écologiques.
À l’heure où se dessinent les limites de notre planète en termes de ressources énergétiques, la question vaut la peine d’être posée : que faire de cette filière de l’industrie française ? Faut-il continuer, perfectionner, diminuer, transiter, arrêter ?…
Les Grands Mythes Écolos (GME) sont une série d’articles qui visent à briser les idées reçues dans le domaine de l’écologie… et à proposer des solutions de remplacement. Ils s’articulent tous de la même manière :
Phase 1 : Le mythe. Description de l’idée reçue telle qu’elle est habituellement présentée
Phase 2 : Sauf que… Présentation des arguments qui remettent le mythe en doute
Phase 3 : Alors, on fait quoi ? Proposition de solutions de remplacement
Bien sûr, ces articles font état de mes opinions personnelles. Je ne prétends pas détenir la vérité absolue et définitive sur la question… Je vous conseille, pour vous forger correctement une opinion, de compléter cette lecture par des ouvrages spécialisés et des études scientifiques parues dans des revues à comité de lecture.
1. Le mythe
Le nucléaire civil, c’est hyper efficace. On maîtrise très bien cette énergie, en particulier en France, où le nucléaire est la principale source d’électricité (à plus de 75 %).
Certes, le prix du carburant de base (uranium) est très élevé au kilogramme, mais de faibles quantités suffisent pour produire une énergie colossale. Ce qui explique pourquoi la France est l’un des pays où le kWh coûte le moins cher.
De plus, on est en train de développer des réacteurs de nouvelle génération, qui seront encore plus performants.
Et niveau sécurité, on est béton. Chez nous, le risque d’incident est très faible, puisqu’on a non seulement d’excellents ingénieurs, mais aussi des moyens financiers suffisants (contrairement à l’URSS des années 1980) et un très faible niveau de risque sismique (contrairement au Japon).
Rappelons aussi que la filière nucléaire civile émet peu de gaz à effet de serre, ce qui est un argument de poids dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique. Pour le CO2, on est entre 6 et 60 grammes émis par kWh produit.
Cette technologie de production d’électricité est donc comparable, sur ce point, aux énergies renouvelables telles l’hydroélectrique, l’éolien et le solaire. Et beaucoup moins émettrice que des énergies fossiles comme le charbon, le gaz ou le pétrole…
Alors oui, le nucléaire a peut-être quelques défauts, mais pour la France, qui dispose déjà d’un parc fiable et performant, c’est la moins pire des solutions pour produire de l’énergie.
On devrait même aller plus loin et, plutôt que faire nos chiffes molles, considérer sérieusement le fait de remplacer le pétrole par l’électricité (pour le trafic routier notamment), quitte à investir massivement dans des centrales nucléaires de nouvelle génération.
En plus de résoudre le problème du pic pétrolier, ça nous rendrait notre autonomie énergétique !
2. Sauf que…
Hormis le faible coût du kWh, le taux d’émission de CO2 et la part importante du nucléaire dans la production électrique nationale… tout est faux.
2.1 Le nucléaire n’est pas sûr
Certes, dans des circonstances « normales » (hors séisme, tsunami, attentat, agression militaire, etc.), avec les financements suffisants, un personnel bien formé, les normes de sécurité maximales et la durée de vie des réacteurs respectée, le risque est très faible.
Ce qui ne veut pas dire nul. Mais en gros, on maîtrise assez bien.
Malgré tout, les incidents « gérables » ne sont pas rares de nos jours. Et sur la durée, les risques pour que l’un d’entre eux prenne trop d’ampleur et échappe au contrôle des ingénieurs augmentent. C’est de la simple statistique : plus vous jouez longtemps, plus la chance de tomber sur un résultat hors normes ou imprévu augmentent.
Et ça, c’est dans des circonstances à peu près optimales.
Mais notre parc de réacteurs est vieillissant. Le maintenir à niveau, fermer ou remplacer ce qui doit l’être coûte extrêmement cher. En ces temps d’austérité et de limitation des financements publics, on injecte moins d’argent dans cette industrie, ce qui la rend beaucoup plus vulnérable.

Experts à Fukushima – Source Flickr – Licence CC BY 2.0 – Auteur IAEA Imagebank
Ensuite, rappelons que nous sommes dans une situation où les relations diplomatiques mondiales ont tendance à monter en tension. Un conflit armé n’est donc pas à exclure. Ce qui l’est encore moins, hélas, c’est une attaque terroriste sur une de nos centrales…
Enfin, si un black-out ou un blocage (grève, crise énergétique ou économique majeure, etc.) de plusieurs semaines survenait, la sécurité de nos centrales serait en grand danger. N’étant plus approvisionnés en eau ni manœuvrés par assez d’ingénieurs et de techniciens qualifiés, les réacteurs deviendraient vite hors de contrôle.
Bref, émailler notre territoire d’autant de bombes à retardement n’est pas une position très tenable en matière de sécurité nationale (et internationale)…
2.2 Le nucléaire n’est pas si rentable
Évidemment, si on ne prend en compte que le coût de fonctionnement « normal » (en terme de carburant notamment), l’option du nucléaire paraît pertinente d’un point de vue économique.
Mais une centrale, il faut la bâtir, l’entretenir et surtout la fermer quand elle est en fin de vie. Et bien sûr, gérer les déchets nucléaires (je n’évoque même pas ici le débat sur les conditions de cette conservation).
Tous ces coûts, souvent très sous-estimés par EDF à l’origine, remettent en question la rentabilité globale du modèle.
D’autant que, dans un contexte économique néolibéral où seule la rentabilité compte, les investissements nécessaires – en particulier dans le domaine public – sont rarement consentis.
Or, plus les centrales vieillissent, plus elles coûtent cher à entretenir et plus elles sont vulnérables en termes de sécurité. Idéalement, il faudrait déjà fermer une bonne partie des centrales françaises… mais il s’agit d’une opération extrêmement coûteuse, et sans cesse repoussée par les gouvernements successifs.
Quant aux modèles de centrales plus récents ou en cours de développement, leurs coûts de recherche et de fabrication s’avèrent eux aussi colossaux.
2.3 Le nucléaire ne peut pas remplacer le pétrole.
Non, le nucléaire ne peut pas remplacer le pétrole. Car le pétrole est une énergie primaire extrêmement performante, facile à manipuler et à stocker.
De plus, on peut faire de cette ressource un tas d’autres choses que la convertir en énergie. En fait, la plupart des objets qui nous entourent sont au moins pour partie issus de la pétrochimie – plastiques notamment.
Le nucléaire civil, c’est tout le contraire : il sert uniquement à produire de l’électricité, qui est complexe à produire, se stocke difficilement et pour peu de temps… Et son seul usage est d’ordre énergétique.
Mais faisons abstraction un instant de ces contraintes.
Concentrons-nous donc sur le seul aspect énergétique du pétrole et admettons que des innovations nous permettent de substituer efficacement, dans chaque cas, le pétrole actuellement consommé pour son énergie par de l’électricité d’origine nucléaire.
Quand bien même nous serions en mesure d’opérer un tel remplacement, le coût en infrastructures serait prodigieux.
Et les ressources énergétiques et matérielles nécessaires pour mettre en œuvre cette mutation seraient énormes. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, le nucléaire représente entre 15 et 20 % du mix énergétique primaire français (où il tient une place très importante par rapport aux autres pays : la moyenne mondiale est autour de 5 %).
Pour le pétrole, en France toujours, nous sommes au-dessus de 45 %…
Donc, même à performances et capacité de stockage égaux, il faudrait presque multiplier par 4 la part du nucléaire pour parvenir à remplacer le pétrole (on ne parle même pas du charbon, du gaz et des autres sources d’énergie).
Un investissement faramineux – à une époque où on n’arrive même pas à remplacer les réacteurs vieillissants – et une décision lourde de conséquences pour l’avenir…
2.4 Indépendance énergétique ? Pas vraiment…
Comme les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon…), l’uranium est disponible en quantité limitée sur notre planète. Certains évoquent un pic possible de la production dans les prochaines années… Mais je pense que nous serons freinés avant par la hausse du prix des combustibles fossiles – sur lesquels repose l’exploitation de l’uranium.
Toutefois, revenons au présent et traitons la question de l’indépendance énergétique telle qu’elle se pose aujourd’hui. Pour commencer, rappelons que la France dispose d’un peu d’uranium sur son territoire.
Mais nos mines sont toutes fermées, car polluantes et non rentables… De plus, leur exploitation soulevait de fortes résistances de la part des riverains et de la population en général.
Pour maintenir la filière nucléaire, le choix qui s’offre à nous est donc le suivant :
- soit polluer fortement notre territoire et mécontenter la population en exploitant des mines très coûteuses,
- soit externaliser la production et donc la pollution…
Nous faisons bien sûr le second choix. Et dans les pays producteurs, l’extraction s’opère la plupart du temps dans des conditions humaines et environnementales catastrophiques.
Ajoutons que, vu le choix qui s’offre à nous (qui n’en est pas vraiment un, car politiquement, il serait très difficile de revenir en arrière et opter pour une exploitation locale), la filière nucléaire civile nous rend dépendants politiquement des gros états producteurs.
Bien sûr, pour l’instant, nos relations avec ces pays sont correctes. Mais elles ne l’ont pas toujours été et ne le seront probablement pas éternellement. Or, c’est justement dans des conditions de tensions politiques que l’indépendance énergétique prend tout son sens…
De même, si une crise systémique majeure (qui limiterait fortement l’accès à l’énergie et aux ressources) survenait, le problème de l’acheminement de l’uranium vers la France finirait tôt ou tard par se poser.
3. Alors, on fait quoi ?…
On sort du nucléaire.
Calmement, progressivement s’il le faut (sur 10, 20, voire 30 ans), mais fermement. Car ce n’est tout simplement pas une solution viable à moyen et long terme : trop coûteuse, trop dangereuse, pas assez résiliente au vu des grandes crises qui se profilent…
Et l’idéal serait de réussir à ne pas remplacer cette énergie. Car l’énergie propre à l’échelle industrielle, ça n’existe pas.
Cela implique de diminuer à terme notre consommation d’électricité de 75 %. Apprendre à s’en passer, pour l’essentiel. Alors oui, ça demande un autre modèle de société et un mode de vie différent pour 99 % de la population.
Une fois de plus, la solution n’est pas, selon moi, purement technologique, mais plutôt éthique et philosophique. Pour la mettre en œuvre, nous devrons faire évoluer nos habitudes, nos exigences et nos aspirations. Si l’histoire de nos sociétés nous a menés vers un mode de vie consumériste, la situation n’est pas figée pour autant : il est possible d’explorer et de promouvoir d’autres voies…
Je ne dis pas que ça sera facile, mais je pense qu’il s’agit de notre meilleure option.
Partage et dialogue autour de la question du nucléaire
Voilà pour ce tour d’horizon très personnel sur la question du nucléaire.
À dessein, je n’ai pas évoqué la question de l’impact environnemental direct des centrales nucléaires. Cette question est déjà abondamment traitée ailleurs et prête parfois à débat. Il m’a semblé plus intéressant, ici, de partir des arguments souvent présentés en faveur du nucléaire et d’en pointer certaines faiblesses.
Comme tous les articles de cette série, j’ai conscience que celui-ci pourra provoquer chez certain(e)s une réaction épidermique… Pourtant, ce n’est pas du tout le but de ma démarche.
Ce blog me permet notamment de partager avec vous mes opinions, forgées au cours des années à partir de mes lectures, échanges et visionnages, sur des sujets qui me tiennent à cœur. Mais comme énoncé plus haut, je ne prétends pas à la vérité absolue et reste ouvert au dialogue.
Il est même fréquent que je mette à jour mes articles et affine mes points de vue, suite à mes échanges avec les internautes.
Si vous pensez que cet article comporte des inexactitudes ou des contradictions, n’hésitez donc pas à m’en faire part dans les commentaires. Attention cependant : je ne vous garantis pas que vous me ferez changer d’avis (je dirais même que sur le fond, c’est peu probable) !
Mais si vous venez avec des arguments solides et que vous les présentez de façon claire et respectueuse, alors nous aurons la base d’un dialogue intéressant et cela pourra même mener à quelques amendements dans l’article. Notez que je mets parfois du temps à valider et à répondre, surtout quand j’ai besoin de vérifier vos données.
(Quant aux commentaires « haineux » ou trop méprisants, ils ne seront tout simplement pas validés. Les droits de l’homme, OK, mais si tu veux poser ta pêche, va le faire ailleurs que dans mon salon…)
Si cet article vous a plu, je vous propose de poursuivre votre lecture de la série des Grands Mythes Écolos (GME) :
- Article précédent : La voiture électrique est la solution [GME #1]
- Article suivant : Les énergies renouvelables [GME #3]
Crédits photo image à la une : Source Flickr – Licence CC BY 2.0 – Auteur Tennessee Valley Authority
9 commentaires
Bonjour,
Je suis d’accord avec ce que tu dis dans cet article.
Je ne suis pas un expert en nucléaire (très loin de là), mais pour élargir un peu le débat : il me semble bien (si quelqu’un peu confirmer ?) qu’on doit maintenir du nucléaire civil (pour garder une « bonne » maîtrise de la technologie) si on l’on veut du nucléaire militaire. Donc démanteler toutes nos centrales impliquerait à terme de se passer aussi du nucléaire militaire (bonne ou mauvaise chose dans un monde qui risque d’être de plus en plus instable ? Je ne sais pas).
Il existe d’autres technologies que celles des centrales à fission actuelles actuel : réacteur nucléaire à sels fondus (https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_nucl%C3%A9aire_%C3%A0_sels_fondus#Aspects_technico-%C3%A9conomiques) qui sur le papier peut sembler intéressant (pour une période de transition plus ou moins longue, cela dépend aussi d’une ressource fossile).
Quoi qu’il en soit je pense qu’il est important de continuer la recherche dans le nucléaire, au moins pour savoir comment mieux gérer (recycler ?) nos déchets, et comment démanteler correctement les centrales.
Oui, les deux filières (civile et militaire) sont historiquement liées et se complètent, je pense, fort bien… Donc quitte à arrêter l’une, on arrête l’autre ? C’est une question qui mérite elle aussi d’être posée !
Réacteur à sel fondu : je ne vais pas vous donner mon avis sur cette technologie, car je ne la connais pas. Mais ça mérite de prendre le temps de creuser pour se faire une idée !
Pour ce qui est de la recherche, oui je vous rejoint à 100% 🙂
Autre petite précision : l’uranium n’est pas un combustible fossile, car il n’est pas issu de la décomposition d’êtres vivants. Bien sûr, il ne s’agit pas non plus d’une ressource renouvelable…
(Tout comme toi, je ne suis pas un expert en nucléaire, mais j’ai pas mal lu et échangé sur le sujet ces derniers jours… je suis tombé sur cette remarque, et je la trouve pertinente : utilisons les mots qui correspondent à ce que l’on décrit 🙂 )
Il semblerait que la fusion nucléaire (différente de la fission nucléaire existante aujourd’hui) n’ait pas les inconvénients concernant la sécurité (pas divergente et donc beaucoup moins dangereuse que la fission en cas de problème) ni l’approvisionnement en uranium ou plutonium, qu’elle n’utilise pas. Elle nécessite de gros moyens de départ, mais qui pourraient largement se justifier sur le long terme. Qu’en pensez-vous ? Voir http://www.iter.org/fr/sci/Fusion par exemple.
Pour le moment, ça m’a l’air d’être un projet très coûteux, hasardeux et pas forcément meilleur d’un point de vue environnemental au final… De plus, il me semble qu’il a connu des retards et des dépassements de projets assez énormes. D’ici sa mise en service, je ne sais pas si l’état de notre économie n’imposera pas de mettre un gros stop au projet… Mais bon, on verra bien ! 🙂
La fusion nucléaire est, sur la papier et dans les labos une solution vraiment interessante. Mais…. le projet ITER actuellement en cours de fabrication près de Aix en Provence, est à considéré comme un test de faisabilité, pour une possible validation de la solution vers 2035, (donc plutot 2045 avec les retards habituels sur ce genre de projet). Voir http://www.iter.org
Mais parallèlement, il existe un projet allemand le « Stellarator » dont on parle moins en France parce que ITER est évidemment notre solution préférée puisque basé à Aix, bien qu’étant un projet à l’echelle mondiale (participation Europe, Chine , Corée, Japon, USA,…. 35 pays, en fait le plus gros projet international scientifique actuellement).
Cette solution allemande à laquelle on ne croyait pas car très complexe à mettre en oeuvre a récemment validé de grandes avancées et pourrait être validée industriellement bien plus tot que ITER.
https://trustmyscience.com/reacteur-fusion-nucleaire-allemand-record-mondial/
Tu auras noté quand même que j’ai mis plein de nuances car il faut vraiment considérer qu’on en est au niveau « recherche avancée »…. très très loin d’un modèle industriel validé avec des évaluations de coûts, de rentabilité, de fiabilité etc…
Ecologiquement, il faut pinailler pour trouver des défauts, et surtout, bien lire les documents disponibles en faisant attention au termes utilisés quand on parle des déchets émis.
Bien évidemment, il y a de très nombreuses questions encore sans réponse, et comme tu l’as signalé dans ton article, cette solution ne concerne que la production d’électricité, qui ne représente qu’une petite partie de l’énergie nécessaire à notre socitété technologique, mais si on compare avec toutes les autres solutions actuelles, et en gardant notre niveau de société technologique actuelle, c’est une vraie solution.
La meilleure des solutions étant la réduction de notre consommation, pronée par Négawatt… (https://negawatt.org) mais on n’en prend pas du tout le chemin au niveau mondial.
Salut Yves 🙂
Intéressante cette voie allemande ! Elle me pose quand même quelques gros problèmes :
– On reste sur du combustible nucléaire, donc, ne l’oublions pas, polluant à l’extraction
– et on part sur une mise en œuvre encore plus complexe. La complexité (souvent liée à des coûts de mise en œuvre élevés) est un véritable problème quand on cherche des solutions à long terme. La résilience et la robustesse s’accompagnent nécessairement d’une certaine simplicité dans la construction, le fonctionnement, le dépannage, la maintenance, la fin de vie… Car quand on raisonne sur plusieurs dizaines d’années (voire 1 siècle ou plus), on ne peut pas vraiment anticiper quelles seront les situations économique, politique, écologique, etc., traversées.
Je pense qu’on est à saturation de ce point de vue et qu’il faut se tourner vers des solutions plus locales, plus simples, plus sobres (à tous niveaux : échelle, fabrication, maintenance, etc.)… et bien sûr, comme tu le dis, avant tout par la réduction de la consommation 🙂
Toute « production d’energie » (pour être précis, on ne produit pas de l’énergie, on la convertit) passe par l’extraction de quelque chose de notre planète (charbon, pétrole, uranium ou deutérieum/tritium dans le cas de la fusion).
Extraire un minerai est toujours un processus polluant.
Dans le cas du deutérium tritium utilisé dans les réacteurs à fusion, l’impact écologique est plutôt réduit car on l’extrait directement de l’eau des océans (https://www.iter.org/fr/sci/fusionfuels). Dans l’idéal, le tritium sera un des sous-produits issus du fonctionnement du réacteur à fusion.
Dans le cas des futures éventuelles hypothétiques centrales à fusion, l’impact écologique sera plutôt à regarder au niveau des moyens mis en oeuvre pour construire la centrale car il est nécessaire de construire des aimants supraconducteurs géants qui sont consommateurs des fameuses « terres rares » qui sont déjà aujourd’hui une source de problèmes écologiques, économiques et géo-politiques à l’échelle de la planète. L’essentiel de la recherche actuelle réside dans la méthode de production des ces champs magnétiques intenses nécessaires à la gestion de la fusion.
Un petit complément pour illustrer à quel point on est très loin d’une mise en service industrielle de la fusion nucléaire pour allumer une ampoule dans nos maison : l’objectif numéro 1 de ITER (donc à horizon 2035 dans le meilleur des cas) : Obtenir 500 MW pendant 600 secondes (10 minutes !) (https://www.iter.org/fr/sci/goals).
D’où la plus importante critique contre ce projet : on consomme des milliards à ce projet au détriment de la recherche d’autres techniques qui pourraient être disponibles plus rapidement. (amélioration du rendement du photo-voltaique, optimisation de l’énergie éolienne, hydrolienne et autres…)
Concernant la problématique Centrales Nucléaires, c’est un sujet sur lequel il est quasiment impossible de discuter sereinement en France. Les deux camps, sont étanches et chaque avis émis doit être scruté pour savoir quelle est sa source, et il n’y a aucune source objectivement neutre dans notre pays à ce sujet, tant la France c’est impliquée dans cette technologie.
Je recommande le visionnage de cette vidéo :
https://dai.ly/x6l4ll6
et l’écoute de la chronique associée (liée à la vidéo, mais un peu plus longue (10 minutes), ça commence pareil, mais c’est plus détaillé)
https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/cruiser-production/2018/06/9d0364a2-7fc5-4a3c-9c29-811e60123ea3/les_idees_claires-les_idees_claires_-_nucleaire-net_eccc8c5f-df96-4c21-b03e-b8a30ea77b9d_fc.mp3