La plupart des gens considèrent le chauffage au bois traditionnel comme un appoint ou un agrément… Pourtant, voilà deux ans que je me chauffe uniquement avec un poêle à bûches.
Et pour pimenter le tout, j’habite en moyenne montagne (massif central), où les hivers peuvent être assez rudes.
J’avais donc envie de partager avec vous cette petite expérience :
Vous livrer les bons, mais aussi les mauvais côtés du chauffage bois-bûche.
Avant d’entrer dans une analyse détaillée, je vais vous dire tout de suite quels sont selon moi, les principaux avantages et inconvénients de ce mode de chauffage :
Tout d’abord, le chauffage 100% bois est une option qui :
- peut s’avérer très économique
- fait appel à une énergie réellement renouvelable
- ouvre sur davantage d’autonomie énergétique
… Mais qui :
- réclame du nettoyage et un peu de travail physique
- émet des particules fines dans l’atmosphère
- ne convient pas aux zones très urbaines
1. Avantages du chauffage au bois : économies, renouvelable, autonomie
1.1 Un moyen de chauffage économique
Commençons par les avantages du chauffage bois-bûche ! Le premier d’entre eux étant très basique :
Le bois, ça ne coûte pas cher !
Rapportée au KWh, la bûche de bois est vraiment dans les meilleurs rapports de prix pour le chauffage. Loin devant le fioul, le gaz, l’électrique et même le granulé…
Coût des énergies au KWh – Source Pic Bleu
Si vous voulez approfondir le comparatif entre les différents modes de chauffage existants, je vous renvoie à cet article détaillé, que j’ai entièrement consacré à la question. Il comprend d’autres données chiffrées et un bilan des avantages et inconvénients pour chaque type de chauffage.
Alors concrètement, ça donne quoi chez moi ?
J’habite dans une maison de 85+ m² et j’arrive à me chauffer pour environ 500 € à l’année. Soit à peu près 40 € par mois – dans une région avec des hivers assez rigoureux.
Mais rappelez-vous que la somme dépend de beaucoup, beaucoup de choses :
- La région où vous habitez
- La taille et l’isolation de votre maison
- La qualité de votre poêle et de votre installation
- Vos « bons plans » pour acheter ou vous procurer du bois
- Le temps et l’énergie que vous voudrez bien y investir
Des conditions à respecter
Disons qu’en général le chauffage au bois s’avère très économique… à condition de suivre quelques principes de base :
- Opter pour un poêle assez performant
- Choisir un modèle bien dimensionné pour votre habitation (superficie, isolation)
- Bien préparer le bois (le fendre, le laisser sécher, etc.) et bien gérer le feu
Pour apprendre la technique d’allumage Top-Down, plus écolo et plus performante, je vous conseille de jeter un œil à ce petit tuto.
1.2 Une énergie (vraiment) renouvelable
A la différence des autres sources d’énergie, le bois-bûche nécessite très peu d’étapes de transformation et de transport.
Même les panneaux solaires et les éoliennes font appel à beaucoup de ressources minières (et souvent à des terres rares) pour leur fabrication et leur entretien.
Quant aux granulés, ils nécessitent un traitement en usine pour être produits.
Le bois-bûche est au contraire une ressource vraiment renouvelable :
L’impact environnemental sera encore réduit si vous gérez vous-même la sélection et l’abattage des arbres… Ou, mieux encore, si vous employez des approches alternatives pour produire votre bois de chauffage (trognes, élagage…)
1.3 Un bon degré d’autonomie énergétique
Que ce soit pour l’installation et l’entretien de votre poêle ou pour l’acquisition de votre bois, vous pourrez tout faire localement… Voire par vous-même si vous êtes débrouillard !
Vous pouvez acheter du bois en grandes dimensions pour le découper vous-même et le fendre. Il vous en coûtera beaucoup moins cher.
Il vous est même possible d’acheter du bois sur pied ou d’acquérir des parcelles de forêt pour les exploiter vous-même. À ce moment-là, le coût décroît énormément et l’autonomie énergétique peut devenir totale…
J’aime beaucoup ces principes de maîtrise et d’autonomie importantes :
Sur le plan du chauffage, les bûches de bois représentent un bon moyen de vous affranchir (totalement ou en partie) de la société de consommation !
2. Inconvénients du chauffage au bois : manutention, entretien, particules fines
Alors, c’est bien beau tout ça… Mais, se chauffer uniquement au bois représente aussi certains désavantages.
En effet, c’est un choix très différent que celui d’avoir un chauffage principal « classique » (fioul, gaz, électrique…) accompagné d’un petit poêle à bois d’agrément.
Dans dernier cas, vous pouvez très bien vous passer du bois. En fait, vous n’allez vous en servir que lorsque cela vous fait plaisir… Et vous n’êtes pas obligé d’en stocker de grandes quantités.
Mais pour se chauffer au bois à 100 %, l’approche n’est plus du tout la même !
2.1 Manutention et entretien
Tout d’abord, la préparation et la manipulation des bûches représentent pas mal de travail.
Bien sûr, vous pouvez vous faire livrer directement du bois sec et fendu, aux dimensions de votre poêle. Mais il vous faudra quand même les trimbaler jusqu’au poêle, allumer le feu, alimenter le foyer…
Et si vous voulez faire de grosses économies, il vous faudra par exemple commander les bûches en 1 voire 2 mètres et les découper vous-même.
Puis les fendre.
Puis les piler et les entreposer.
Puis les amener chez vous, près du poêle. Puis allumer le feu. Puis l’alimenter…
On est très loin d’un simple bouton à presser sur un thermostat !
(et encore, je n’ai même pas parlé de la possibilité de prélever du bois directement dans une parcelle de forêt…)
Préparer soi-même son bois pour l’hiver demande donc du temps, un peu d’apprentissage et une bonne forme physique.
Parfois, il faudra sortir sous la neige avec la brouette pour réapprovisionner votre stock dans la maison. D’autres fois (surtout au début), vous galérerez pour allumer un feu ! Ou vous le laisserez s’éteindre par inadvertance et il faudra prendre le temps de le rallumer…
Bref, si vous manquez de temps ou si vous n’êtes pas du tout enclin au travail physique (par simple goût personnel ou pour raisons de santé), vous pouvez oublier tout de suite le chauffage 100 % bois !
Salissant ! Prévoir aussi du temps pour le ménage…
Manipuler du bois implique de renverser pas mal de petits débris végétaux chez soi. Puis il y aura forcément de la poussière et un peu de cendre autour de votre poêle, même si vous faites attention.
De plus, la vitre du poêle finit par s’encrasser et il faut la nettoyer de temps en temps si on se soucie des apparences…
Le chauffage bûches n’est donc pas une très bonne option si vous êtes un peu maniaque… Ou si vous n’êtes pas prêt à consacrer du temps pour le surcroît de ménage lié à ce mode de chauffage.
2.2 Particules fines
Tout chauffage pollue – directement ou indirectement.
Les bûches de bois aussi. Elles émettent des particules fines pendant la combustion. Pour limiter ces émissions, il vous faut du bois très sec et un poêle performant.
Ensuite, le chauffage bois-bûches représente une faible pollution indirecte (production, transformation et transport de l’énergie) et fait appel à très peu de ressources fossiles, en comparaison des autres types de chauffage…
Certains préfèrent les poêles à granulés, dont les taux d’émission sont meilleurs. Franchement pourquoi pas !
Mais c’est un autre trip : plus confortable, beaucoup moins d’autonomie énergétique, une phase de transformation en usine pour les pellets…
Au final donc, un process polluant qui vient se rajouter et une étape de plus pour le transport de la source primaire jusqu’au poêle, qui va donc s’allonger considérablement (et s’ajouter au bilan carbone).
Pour polluer le moins possible tout en utilisant la bûche, les meilleures options restent le poêle de masse, voire le rocket stove de masse.
C’est un investissement conséquent (en argent… ou en temps si vous êtes prêt à le faire vous-même en éco-construction). Mais une fois équipé, vous consommez très peu, pour une excellente restitution de la chaleur et un très faible taux d’émissions.
2.3 Pas vraiment adapté à la ville
Autre petit défaut du chauffage au bois : il n’est pas vraiment adapté aux grandes villes.
Il vous faudra de la place pour stocker les stères et les faire sécher. Un emplacement pour vos outils et un atelier ou un terrain pour couper et fendre le bois. Puis un logement assez volumineux pour que l’air circule correctement.
Si vous habitez en appartement dans une zone urbaine et que vous manquez de place, le chauffage au bois est difficilement envisageable.
2.4 Pas de chauffage en votre absence
Une fois allumé, un poêle ou un insert peut tourner pendant quelques heures et restituer la chaleur (jusqu’à une douzaine d’heures dans certains cas).
Mais vous n’avez pas de position « hors-gel » sur une installation à bûches. Si vous vous absentez une semaine en plein hiver, la maison risque d’être très froide à votre retour.
Et bien sûr, pas de pilotage à distance ! On est loin des avancées récentes en domotique. Le chauffage au bois est une solution rustique avec tout ce que cela implique :
Très résiliente, mais moins confortable ou pratique au quotidien que des approches plus « high tech » !
(Certains prévoient une installation de chauffage électrique en parallèle de leur chauffage au bois. Ce choix leur octroie davantage de confort et leur permet de maintenir la maison hors-gel. Personnellement, ce n’est pas trop ma tasse de thé : je préfère de loin les choix de vie simples et rustiques au package « confort moderne »… Mais bien sûr, chacun fait comme il sent !)
Bilan : Se chauffer au bois, est-ce pour moi ?
Alors le bilan ? Êtes-vous fait pour ce mode de chauffage ?
Eh bien se chauffer principalement au bois, c’est pour vous si :
- vous êtes courageux et en assez bonne forme physique
- réduire vos dépenses de chauffage et/ou accéder à plus d’autonomie est une priorité à vos yeux
- vous n’habitez pas dans une zone trop urbanisée
- vous avez assez de temps pour vous en occuper et réaliser l’entretien
16 commentaires
On voit que vous êtes encore jeune. Avec les cheveux blancs, on peut encore se chauffer au bois comme je le fais, Mais avec une solution de replis « au cas où » avec des radiateurs électriques en ce qui me concerne (ils sont tout le temps éteints, sauf en secours). Ils sont là aussi en cas de grippe (je m’imagine mal aller chercher le bois dehors avec 39° de fièvre), de crise d’arthrose (et oui mon bon Monsieur, vous verrez…) et puis aussi quand je serai vraiment trop trop vieille pour ce genre de sport. Et aussi en appoint en cas de vraiment très grand froid. Bref, pour le moment, c’est bois à 98%. Quant au ménage… entre les petits bouts de bois (mes chats adorent), la poussière dégagée, et en prime la boue qu’on rentre avec les chaussures mouillées… ça devient secondaire. Il ne faut effectivement pas être maniaque.
Merci Dominique pour ces remarques.
Dans nos sociétés, où l’on les enfants (quand on en a) partent vivre loin du foyer des parents et où de toute façon l’entraide n’est pas le modèle dominant, la technique doit pouvoir apporter un peu d’autonomie, lorsque c’est nécessaire.
J’évoque cela indirectement dans l’article lorsque je dis que le chauffage 100 % bois nécessite une bonne dose de manutention et qu’il n’est donc pas adapté si on n’a pas le la santé nécessaire pour ces efforts physiques.
Bref, je suis bien d’accord avec vous comprends totalement qu’on puisse avoir recours à une alternative dans de nombreux cas 🙂
Bonjour David! Décidément j’aime beaucoup votre site. Les articles sont toujours bien écrits et bien argumentés. C’est vrai que le chauffage 100% bois n’est pas à la portée de tout le monde! Chez nous, c’est comme cela que nous nous chauffons, mais: nous habitons à la campagne, nous possédons des bois sur notre exploitation agricole et nous pouvons nous chauffer en débitant les arbres tombés dans l’année (pour l’instant ça suffit plus que largement). Notre poêle nécessite peu d’entretien (pas de vitre) et a un très bon rendement, alors nous chauffons facilement notre maison (120m²). Pour les vacances, nous en prenons si peu que c’est très rarement un problème pour nous! Mais tous les points « négatifs » que vous avez soulevés sont justes, ça prend du temps, de l’énergie et de la place,et il faut jouer du balai, mais bon, de toutes façons, nous vivons à la campagne, alors… Cependant, une fois tout cela dit, nous faisons des économies très appréciables dans notre situation, et en plus c’est écolo et renouvelable, que demande le peuple?
Bonjour Marie et merci pour votre com 🙂
C’est vraiment chouette d’avoir votre propre exploitation et d’être entièrement autonome en chauffage ! C’est l’un de mes objectifs à terme… Mais avant cela, un déménagement m’attend, je l’espère cette année, et l’accès à des parcelles de forêts sera un critère à prendre en compte dans le choix de la future maison !
Hello !
Ça fait pas mal de temps que je jette régulièrement un œil à ce blog et qu’il m’apporte des infos vraiment très intéressantes. À chaque fois que j’allume mon feu, je repense à ce tuto sur l’allumage par le haut et je me dis qu’il faudrait vraiment que je teste… mais les habitudes ont la vie dure et ma technique d’allumage est bien rodée ! ^^
Bref… Merci pour ce nouvel article ! Pour apporter mon petit témoignage, en ce qui concerne le chauffage au bois, je fais partie des convaincu-e-s. En hiver, bien qu’on ait le chauffage « principal » en électrique, j’allume mon poêle tous les soirs en rentrant. De toute façon, le chauffage reste toujours en éco quand nous ne sommes pas là et l’appoint en température est fait par le poêle quand nous sommes à la maison. J’ai la chance d’avoir une belle-famille qui possède pas mal de terrains agricoles et boisés, alors tous les ans ou presque, on se réunit tous pour faire quelques remorquées de bois qui chaufferont quatre foyers pour pas mal de temps… En plus de l’immense avantage économique, ce sont de super moments passés en famille, au grand air. Ça fait aussi de l’exercice ! Comme on dit chez nous, le bois chauffe trois fois : quand on le coupe, quand on le range et quand on le brûle… ^^ Alors, non seulement c’est renouvelable, mais ça a même trois vies !
Enfin, outre tous ces aspects pratiques, je trouve que le chauffage au bois apporte une atmosphère vraiment très chouette aux soirées d’hiver… 😉
Bonjour et merci pour ton com ! J’adhère complètement à ton approche.
Pour le top-down, oui tu pourrais essayer, moi je ne fais que ca et c’est pas mal du tout 🙂
bonjour, oui intéressant de lire que nous ne sommes pas seuls à essayer de vivre avec ce que nous avons. Beaucoup de boulot mais quelle satisfaction et qualité de chauffage !! dur dur d’allumer avec votre tuto mais je ne désespère pas d’y arriver.Je pense qu’à la campagne il faut décaler les travaux, c’est à dire s’occuper du bois l’été et de la douche solaire l’hiver par exemple. Merci de vous lire tous et toutes, je me sens moins seule dans ma démarche qu’ici on qualifie d’excentrique, même en famille avec nos toilettes sèches. Mais nous on aime faire du bien !!! au plaisir de vous lire
Bonjour Chriss et merci pour le com qui fait bien plaisir 🙂
J’aime beaucoup votre remarque sur le « décalage des travaux », concept très pertinent !
A bientôt,
David
Je suis en location dans un logement CIL/HLM et il y a un an , ils nous ont installé des poêles à bois (pas à granules) assez imposants, d’ailleurs. Bien que j’apprécierais bien un petit feu de bois, ma santé fait que je ne m’en sers pas. En effet souffrant d’une myopathie évolutive (maladie neuro-musculaire), si je veux me chauffer au bois je dois l’acheter, le faire livrer, l’installer et sans parler comme vous dites de la manutention pour alimenter le poêle et du boulot que l’entretien du poêle nécessite……… alors je continue à me chauffer à l’électricité ce qui est bcp plus simple et moins fatigant pour moi. Mais en cas de catastrophe j’ai toujours la possibilité de me servir du poêle si des circonstances m’y contraignaient………
Merci Elisabeth pour votre témoignage. Et bon courage.
Encore un article que j’apprécie sur votre site 🙂
Je suis une convaincue du chauffage au bois et pourtant, malheureusement, je suis obligée de me chauffer à l’atome 🙁
En effet, je suis locataire d’une maison HLM et quand j’y suis entrée, il y avait des radiateurs « grilles-pain » et j’ai demandé au bailleur si je pouvais faire installer par un professionnel un poele à bois, on m’a répondu que non.
Du coup, je suis obligée de me chauffer au nucléaire. Bon même si j’ai remplacé 4 des 7 radiateurs de la maison par des modèles à inertie fluide qui sont tout de même bien mieux que les grilles pains mais ça m’a couté cher pour pas grand chose.
J’enrage…
Bonjour AnDroKtoNe et merci pour votre commentaire 🙂
Oui malheureusement, l’électrique est loin d’être la panacée… J’espère pour vous que vous pourrez trouver une autre solution prochainement ! 🙂
PS : et bravo pour votre nouveau site : less is more comme on dit ! J’aime les solutions de ce genre 🙂
Les points sont justes. Article très bien expliqué! Se chauffer au bois en vaut vraiment la peine, dans la mesure du possible.
Combien de kilos de bois avez-vous obtenu pour 500€?
Bonjour Laurence,
Pour le bois, on compte en stères (1 stère = 1 m3 de bûches de 1 m de long). Pour 500€, j’ai obtenu 15 stères de bois, en sections de 2 mètres et non calibré (avec des sections et des formes parfois difficiles à travailler). Donc un bois non calibré, avec pas mal de boulot avant de pouvoir le mettre dans le poêle 🙂
Le prix du bois peut varier beaucoup selon les régions et le travail à fournir une fois chez vous. Pour info, vous trouverez sans mal sur le web des sites comparant les prix du bois près de chez vous 😉
Bonjour Laurence,
Pour le bois, on compte en stères (1 stère = 1 m3 de bûches de 1 m de long). Pour 500€, j’ai obtenu 15 stères de bois, en sections de 2 mètres et non calibré (avec des sections et des formes parfois difficiles à travailler). Donc un bois non calibré, avec pas mal de boulot avant de pouvoir le mettre dans le poêle 🙂
Le prix du bois peut varier beaucoup selon les régions et le travail à fournir une fois chez vous. Pour info, vous trouverez sans mal sur le web des sites comparant les prix du bois près de chez vous 😉